CTE DU 23 SEPTEMBRE2013

, par FO Drôme-Ardèche

DECLARATION LIMINAIRE SYNDICAT FORCE OUVRIERE

Madame la Directrice,

C’est aujourd’hui votre première présidence de Comité Technique d’Etablissement du Centre Hospitalier de CREST depuis votre prise de fonction.

Au nom de mon organisation syndicale et des membres élus du Comité Technique d’Etablissement, représentants le personnel, je vous souhaite la bienvenue et exprime tous nos vœux de partenariat dans un travail riche et fourni, transparent et sincère, dans l’intérêt de notre structure et des personnels qui la composent.

Toutefois, le contexte financier qui accompagne votre prise de fonction est loin d’être favorable. Cependant, nous pensons que ce constat n’est pas une surprise pour vous, l’intérim de votre directeur général de l’époque, vous aura permis d’appréhender en amont cette difficile situation.

Nonobstant cela, nous regrettons et nous analysons comme un vrai handicap notamment compte tenu de la situation financière de notre établissement, que le projet de direction sur site, demande unanime du Conseil de surveillance, n’ait pas abouti malgré l’a priori favorable de la Ministre comme de son directeur de cabinet.

La direction commune CREST / DIE reste pour le personnel du centre hospitalier de CREST, une expérience douloureuse de paupérisation de ses ressources et d’affaiblissement de son autorité comme de ses capacités d’autonomie. Elle a engendré la situation économique très défavorable que nous connaissons. Le management par correspondance est une utopie comme la capacité à long terme de tenir un rythme de travail avoisinant 50 heures par semaine, quel que soit l’individu. L’hôpital de Crest sur ce dossier, s’est rajouté un challenge supplémentaire alors qu’il en connait déjà beaucoup, peut-être déjà beaucoup trop.

Madame la Présidente, mon organisation syndicale n’a aucun doute sur votre volonté de sortir le centre hospitalier de Crest du marasme économique dans lequel les décisions précédentes l’ont placé ni sur vos compétences à le faire. Vos premières décisions ont marqué cela et n’ont pas laissé de doute quant à votre détermination. L’avenir relationnel et partenarial entre nous devrait donc être tout sauf monotone et terne, ce qui nous convient parfaitement.

Vous avez opté tant lors de nos deux rencontres bilatérales que lors des différentes réunions, pour un langage de vérité aux accents « Churchilliens ». Nous avons bien compris que vous n’aviez à nous offrir en préalable aux futurs projets, que de la sueur, des larmes et du sang. Et ce fut déjà malheureusement vrai pour les personnels soignants de l’établissement.

Mon organisation ne reviendra pas en détail maintenant sur la liste exhaustive des suppressions de postes soignants, nous la connaissons tous ici. Cependant, mon syndicat affirme et là aussi, avec une volonté déterminée et une fermeté sans faille qu’il a été franchi maintenant les limites de l’acceptable. Merci à vous de l’avoir aussi signifié par écrit au Directeur Général de l’A.R.S.

Nous tenons à le redire ici pour ce premier C.T.E, le personnel soignant, A.S.H, A.S. et I.D.E, n’est aucunement responsable du déficit parce qu’il n’a aucun pouvoir de décision, aucun moyen d’infléchir ou de peser sur une politique de gestion, hormis le pouvoir du nombre dans une mobilisation contestatrice. Il n’empêche que « les petites mains » de l’hôpital servent seules de variable d’ajustement dans cette opération sacrificielle d’épuration de la dette.

Madame la Présidente, vous avez en face de vous une organisation syndicale réformiste et qui ne pratique pas la cogestion. Chacun doit être à sa place et il y a une place pour chacun. Notre fonction naturelle se situe dans la revendication, la négociation, la contractualisation d’accord et surtout dans le contrôle. Revendiquer, Négocier, Contracter et Contrôler, voilà les 4 axes de notre action.

Ce que les anciens appelaient le contrôle ouvrier est dans nos gènes à FORCE OUVRERE. Aucun accord n’est viable s’il n’est pas contrôlé dans son exécution. C’est un axiome incontournable qui explique par exemple, pourquoi nous voulons absolument que les documents de travail nous parviennent avant, en temps et en heure, afin que nous les étudiions.

L’historien romain TACITE avait déjà à son époque posé la question : « Qui contrôle les gardiens ». Une des réponses est nous. Mais seulement quand il y a transparence. Merci Madame la Présidente d’en faire un de vos axes majeurs d’amélioration. Le temps presse maintenant.

Alors, dans ce contexte, le ton se veut revendicateur car les circonstances très défavorables pour le personnel soignant l’exigent.

Celui-ci est profondément éprouvé, littéralement exténué et démotivé, vivant ces épreuves de réduction d’effectif comme injuste et particulièrement ciblés, notamment sur ceux qui sont au cœur du soin. Il se sent jugé négativement quand par exemple, on leur explique qu’ailleurs, on fait mieux avec moins sans apporter ni chiffre d’activité ni ratio d’effectif. Il se sent jugé négativement quand par exemple, on assène que tel service ne fonctionne pas à l’optimum, alors que le personnel soignant n’a aucun levier pour infléchir ce constat, s’il est réel. Il se sent jugé négativement enfin quand par exemple, contre toutes bases réglementaires, le personnel de weekend est arbitrairement diminué.

Madame la Présidente, mon organisation syndicale sait faire la différence entre le fond et la forme. Nous savons que parfois les mots peuvent dépasser la pensée notamment lors de réunion frontale où la tension est forte et grande. L’expression directe est un art difficile et difficilement maitrisable, nous vous le concédons. Mais nous sommes demandeurs d’une vraie communication car l’information est un contenu et la communication un contact.

Je terminerai la mon propos en vous rappelant vos déclarations lors de votre prise de fonction. Vous aviez alors écrit : « Je suis très fier de diriger cet hôpital. Certains d’entre vous ont la chance de bénéficier d’un nouvel outil de travail, mais la structure n’est rien sans votre enthousiasme, votre compétence, la qualité des soins que vous apportez au quotidien à nos résidents et à nos patients. Nous avons un avenir à construire ensemble. Je serai là pour le promouvoir, mais nos patients ont besoin de vous pour le faire vivre. Je compte sur vous ».

Vous le pouvez. Mais nous aussi comptons sur vous. C’est ce contrat gagnant / gagnant qui doit structurer nos relations. Même si nous savons qu’un cadre directorial ne peut pas tout contrôler, la délégation appelle le contrôle, notamment quand il y a absence de transparence de décisions. Nous demandons que vous donniez du sens au travail accompli. Faire en sorte que le personnel ait le sentiment du « bienfait », de la signification de son travail. Pour cela, il faut le soutenir, le suivre, s’interroger sur les résultats et les reconnaître.

Nous actons votre volontarisme qui vous inscrit dans un établissement en dynamique depuis toujours hormis, ces deux dernières années de direction commune et de légèreté managériale.

Nous sommes naturellement un établissement de progrès et de projets. Notre passé plaide pour nous.

En 1992 nous avons communément accepté de fermer la maternité et avons négocié en contrepartie le dossier de l’Unité de Soins Palliatifs, Unité unique dans le département durant presque 20 ans. Il en fut de même avec la création du service de chirurgie ambulatoire à CREST en 1995. Nous fûmes le premier hôpital public du département à ouvrir des lits de chirurgie ambulatoire même si le ratio de transformation était très défavorable. Nous fûmes enfin là aussi novateurs avec le dossier H.A.D, porté seul à l’époque puisque les différents partenaires hospitaliers du secteur nous ont infligé un refus poli mais un refus tout de même. On sait ce qu’il en est aujourd’hui.

Alors fort de ce passé qui ne sera jamais pour nous un musée mais une référence pour avancer, nous répétons comme Primo LEVI : « Sans passé il n’y a pas d’avenir ». Celui-ci est fort, riche et nous voulons bien le partager avec vous et continuer à le construire ensemble pour réussir.

Nous sommes demandeurs que soit initiée une vraie politique de projets dans la transparence et le respect mutuel. Que des organigrammes de décisions impliquent tous les acteurs afin qu’en amont les projets soient discutés et partagés et qu’ensuite le personnel puisse se l’approprier et les faire siens. Le changement se fait avec et non contre. Il doit impliquer toutes les strates de la plus modeste à la plus haute car tous les professionnels sont interdépendants. Nous avons besoin de tous pour réussir dans cette nouvelle politique du soin exigeante et très réduite en ressources.

Vous avez sous vos ordres un personnel d’une rare conscience professionnelle, impliqué et soucieux de l’avenir de son établissement et du service rendu à la population. Protégeons ensemble cette richesse. Faisons la grandir dans l’intérêt de tous en la protégeant des anathèmes destructeurs, des jugements hâtifs et des organisations sclérosantes.

Ce personnel remarquable donnera satisfaction à vos projets car c’est un personnel exigeant y compris pour lui-même. C’est pourquoi, il n’accepte pas l’a peu pré, l’approximation ou le flou managérial. Beaucoup d’exigence pour lui-même pour un résultat au lit du patient optimal.

Nous savons depuis toujours, à contrario d’autres établissements, que nous devons prouver plus, faire plus, amener plus. Nous l’assumons depuis toujours. Le personnel pliera peut-être un moment mais ne rompra jamais car il est attaché à son hôpital aussi fort qu’il est attaché à sa liberté, à la justice sociale et au respect qu’on lui doit.

Madame la Présidente. Vous avez avec vous des partenaires sociaux qui sont à l’unisson des sentiments d’ambition du personnel pour son hôpital mais dans la transparence, la justice et l’équité, tant dans la rigueur que dans la promotion

Patrick DIDIER Secrétaire FORCE OUVRIERE Centre hospitalier de CREST.